Sur certains bancs publics dans la nature écossaise, un nom apparaît gravé dans une plaque de cuivre. Celui d'une personne décédée à qui ses proches rendent hommage en offrant à la communauté un banc qui porte son nom.
S'asseoir sur un tel banc est pour les vivants une manière d'honorer ces morts, et pour ces morts une manière de nous offrir un instant de repos. Les disparus se rendent donc utiles, au delà de la vie.
Cette anecdote reflète mon état d'esprit au moment des photographies: entre joie hédoniste et mélancolie.
Je vous convie à une balade. Dire que cette balade a lieu en Ecosse en été est important mais ce n'est pas le plus important. Allons-nous voir des paysages? Oui, mais alors des paysages « prétextes à sentiments et jeux de formes », des paysages subjectifs.
Mon propos est de vous faire vivre cette balade, de transmettre ce que j'ai vu et ressenti: le vent dans les feuilles ou dans les hautes herbes, la lumière filtrée par les branches dans un sous-bois...
Une reprise de contact avec la nature au sens tactile du terme. Comme ce garçon, citadin en vacances, qui serre un maquereau dans sa main . Est-ce le geste adéquat pour tenir un poisson vivant? Nous imaginons en tout cas le contact mouillé et glissant avec la bête...
C'est donc une balade dans des paysages isolés à la rencontre de la nature... et de l'Autre. Après des heures de marche solitaire sans voir âme qui vive, l'autre marcheur, homme ou animal qui vient à contresens sur le même chemin, surgit à l'horizon comme une véritable apparition. Tel ce cheval qui nous barre le passage à l'orée d'un bois...
La rencontre cependant n'a lieu que dans le regard. Nous restons à distance des personnes croisées. Chacun continuera son chemin...
Ce chemin qui s'ouvre devant nous, sait-on d'ailleurs où il mène? Dans un gouffre, ou dans la brume? Cette montagne, va-t-on la franchir? Dépassera-t-on la pénombre de ce sous-bois? Ces étapes, que j'espère esthétiques, sont aussi les étapes d'un itinéraire symbolique...